ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU FRONT DU 03.01.2004
Intervention de Gérald Bloncourt, porte-parole

Mesdames, Messieurs,

Tout d'abord : Honneur et Respect.

M pral palé franse kòm gen moun isit la ki pas pale kréòl.

Donc mwen mande nou, eskusèm . Jodi a se you gwan jou de lut.

Nous dwe sipose ke m ta pito renmen pale lang lakay nou an.

Mesdames, messieurs,
chers amis,
chers frères et soeurs de lutte,

C'est avec une grande émotion que je m'adresse ici à vous, ce soir. Le Bureau du FRONT POUR LA DEMOCRATIE EN HAITI, m'a élu « Porte-parole ». J'ai donc accepté cet honneur et cette marque de confiance, sans doute aboutissement et consécration de plus d'un demi-siècle de luttes incessantes pour la défense des libertés fondamentales de notre peuple.

Il me semble nécessaire d'évoquer brièvement quelques dates qui sont autant de fleurs, mais aussi autant de cicatrices et de larmes, qui ont jalonné notre Histoire.

1804 : C'est la date historique de notre Indépendance. La date glorieuse de la première Révolution victorieuse d'un peuple d'esclaves et d'affranchis, brisant les chaînes de son asservissement, pour crier à la face du monde, son droit au respect et à la dignité.

Ces journées ont été la première défaite de Napoléon. Elles ont couronné des luttes antérieures liées à l'indépendance de la Louisiane et bien sûr à celles des Etats-Unis d'Amérique.

Elles ont été suivies de beaucoup d'autres. Notamment celles qui furent les moments de l'immense solidarité de notre peuple à Simon Bolivar. N'oublions pas que grâce à notre pays, celui-ci a pu devenir El Libertador.

Je survole brièvement ces périodes qui ont vu se succéder les mille formes toujours sanglantes d'un néo-esclavagisme qui s'est constamment acharné contre nos libertés si chèrement conquises. Je passe donc sur l'Occupation par les Etats-uniens et leur mainmise sur notre économie. Je n'oublie pas le vol de notre or jusqu'à ce jour entreposé dans leurs banques. Je n'absous pas davantage la France et les 150 millions de francs or qu'elle a obligé nos gouvernants à payer jusqu'au dernier centime.

Je m'arrête pourtant, un instant, à l'année 1946, à ces Cinq Glorieuses qui aboutirent au déchoukage d'Elie Lescot. Ce fut un moment important de notre Histoire. J'évoquerai seulement le nom d'un de ses leaders : Jacques Stephen Alexis qui fut, à la suite de Jacques Roumain, l'un des premiers grands écrivains de notre Littérature. Il faut souligner la participation déterminante de la jeunesse étudiante de cette époque. Ces moments me rappellent les actions menées aujourd'hui par nos étudiants qui sont le fer de lance du soulèvement actuel. Je rends hommage ici à ceux d'entre eux qui vivent en France et qui ont repris, combien vaillamment, le flambeau de ces luttes contre la dictature.

Je tournerai, non pas pour les oublier, les pages sombres des 30 ans du Duvaliérisme dont les événements actuels font penser à un lourd héritage. Faut-il souligner l'importance qu'il y a et qui demeure, d'exiger que Jean-Claude Duvalier qui se terre dans notre voisinage, à Paris même, soit jugé ; ainsi que tous les autres tortionnaires qui se sont succédés depuis le sursaut populaire de 1986.

Le peuple Haïtien, une fois encore, les mains nues, avait mis à bas cette sanglante et guignolesque dictature.

Plus de 60.000 morts, et je ne compte pas celles et ceux, boat people, qui ont disparu aux larges des côtes cubaines, à quelques encablures des plages paradisiaques de Miami, au vu et au sus de l'Occident Démocratique.

Je n'aborderai pas l'énumération qu'il faudrait sans doute faire des malheurs de notre pays.

Mais, Urgence !!! Il y a urgence à nous joindre aux luttes menées par notre peuple et à en être solidaires.

Ne nous dispersons pas ! Concentrons nous sur ce qui est devenu l'essentiel : le départ du pouvoir de celui qui en est le chef de file.

Exigeons tous ensemble la mise en œuvre d'un gouvernement authentiquement démocratique.

Pour cela, n'oublions jamais la devise que nous ont léguée les combattants de 1804 : L'UNION FAIT LA FORCE !

1804/2004 , un Bicentenaire de luttes. Une date qui doit marquer l'aube de notre Renaissance ! Ne ratons pas ce nouveau rendez-vous avec l'Histoire !

Kenbe fèm ! Pa lage ! Viv Ayiti !

Gérald Bloncourt
Porte-parole du Front.