Haïti : nouvelles du 23 décembre 2003

COMPILATION 23 DECEMBRE 2003

23 DECEMBRE 2003

GONAIVES

LES MILITANTS DU FRONT DE RESISTANCE DES GONAIVES ONT DECLARE A LA PRESSE, QU'ILS ONT RECU UN APPEL PERSONNEL DU PRESIDENT ARISTIDE LEUR DEMANDANT DE LUI PERMETTRE DE REALISER, LE 1er JANVIER 2004, SUR LA PLACE D'ARMES DE LA CITE DE L'INDEPENDANCE, LES CEREMONIES DE COMMEMORATION DES 200 ANS DE LA REPUBLIQUE.

ILS ONT OPPOSE UN REFUS FORMEL A CETTE DEMANDE D'ARISTIDE. PREVOYANT DES ACTIONS DU GOUVERNEMENT POUR S'EMPARER DE CETTE PLACE PAR LA FORCE, LES MILITANTS DU FRONT DE RESISTANCE ONT DEMANDE AUX HABITANTS DE LAISSER LA ZONE.

APRES LE REFUS DES MILITANTS DU FRONT DE RESISTANCE, UNE OPERATION CONTRE LE QUARTIER DE RABOTEAU A ETE MENEE QUELQUES HEURES APRES L'APPEL D'ARISTIDE. LES PREMIERES INFORMATIONS FAISAIENT ETAT DE DEUX (2) MORTS PARMI LA POPULATION CIVILE. CE MATIN, C'EST AVEC HORREUR QUE HUIT (8) NOUVEAUX CADAVRES ONT ETE DECOUVERTS A RABOTEAU. PIERRE ROBERT AUGUSTE SIGNALA QUE 4 AUTRES CITOYENS ONT ETE EMMENES PAR LA POLICE.

LES CHIENS COMMENCAIENT A DEVORER DES CADAVRES LAISSES SUR PLACE PAR LES AGENTS DE LA POLICE. UN NOUVEAU MASSACRE VIENT D'ETRE PERPETRE A RABOTEAU ET IL EST BRUIT DANS LA VILLE QU'IL A ETE ORGANISE PAR LE SENATEUR MEDARD JOSEPH, LE DELEGUE DR BILLY RACINE ET LE MAIRE TOPA STEPHEN MOISE. LES BRAS ARMES ONT ETE GUY LOUIS JACQUES ALIAS GUY POUPOUTE, KENOLD DUROGENE ET JACQUES MERVIL

LE SENATEUR MEDARD JOSEPH EST ARRIVE INCOGNITO AUX GONAIVES ESCORTE D'UNE DOUZAINE D'HOMMES ARMES POUR SE VENGER DE L'INCENDIE DE LA RESIDENCE DE SON PERE.

(((((((((())))))))))

LES CAYES

LA POPULATION DES CAYES EPROUVE DE GRANDES DIFFICULTES A ORGANISER DES MANIFESTATIONS. LES OP CHIMERES MENACANT DE FAIRE UN MASSACRE SI LES CAYENS GAGNENT LES RUES. GABRIEL FORTUNE DU FRONT DE L'OPPOSITION DEMANDE A LA POLICE DE PRENDRE SES RESPONSABILITES.

(((((((((())))))))))

JACMEL

LES ETUDIANTS SONT DECIDES A SORTIR LE 24 DECEMBRE SANS AUTORISATION DE LA POLICE. DEPUIS LE JEUDI 18 DECEMBRE ILS SOUMETTENT EN VAIN UNE NOTIFICATION DE MANIFESTATION A LA POLICE QUI REFUSE DE LA RECEVOIR.

(((((((((())))))))))

TROU DU NORD

LE DEPUTE CONTESTE DR RUDY HERIVEAU A INSTITUE UNE SAUVAGE REPRESSION EN CETTE VILLE DEPUIS LES DERNIERES MANIFESTATIONS CONTRE LE PRESIDENT ARISTIDE.

LES FUNERAILLES DES JEUNES, ASSASSINES LA SEMAINE DERNIERE, SE SONT DEROULEES CE SAMEDI DANS LA PEUR ET EN L' ABSENCE DE CERTAINS PARENTS ET D'AMIS ECOLIERS

(((((((((())))))))))

CAP-HAITIEN

LE FRONT DE RESISTANCE DU NORD ANNONCE DES MANIFESTATIONS POUR LES 28 ET 29 DECEMBRE. LES MANIFESTATIONS SERONT ORGANISEES EN SOLIDARITE AVEC LES MORTS DU CAP HAITIEN, AVEC LES SEQUESTRES ET DEPORTES A PORT-AU- PRINCE COMME LE PASTEUR JACKSON NOEL ET AVEC CEUX QUI ONT DU GAGNER LE MAQUIS. JEAN ROBERT LALANNE ET SYRUS CIBERT ONT DU SE METTRE A COUVERT.

PORT-AU-PRINCE

LES MEDECINS, INFIRMIERS ET INFIRMIERES ONT EXPRIME LEUR INTENTION DE MANIFESTER LE MERCREDI 24 DECEMBRE A PORT-AU-PRINCE. LA MARCHE DES PROFESSIONNELS DE LA SANTE SERA REALISEE POUR PROTESTER CONTRE L'INSECURITE SEVISSANT DANS LES CENTRES HOSPITALIERS DU PAYS ET POUR DEMANDER LA DEMISSION D'ARISTIDE.

DES MEDECINS LAVALAS SONT INTERVENUS DANS LA PRESSE POUR ESSAYER DE NEUTRALISER CE MOUVEMENT DU 24 DECEMBRE DES FEMMES ET HOMMES EN BLANC QUI A RECU L'APPUI DE BEAUCOUP DE SECTEURS POLITIQUES ET PROFESSIONNELS DU PAYS.

(((((((((())))))))))

PLUS DE MILLE ARTISTES, CHANTEURS, PEINTRES, ACTEURS ONT ORGANISE UN SPECTALE A LA FACULTE DES SCIENCES HUMAINES POUR MARQUER LEUR SOLIDARITE AVEC LES ETUDIANTS AGRESSES, BLESSES, MUTILLES, BATTUS PAR LES CHIMERES D'ARISTIDE LE 5 DECEMBRE 2003. ILS ONT PROFITE POUR DEMANDER L'EFFACEMENT DU POUVOIR LAVALAS

(((((((((())))))))))

MONTREAL, CANADA

IL FAISAIT UN FROID GLACIAL ET DES MANIFESTANTS DEFILAIENT SOUS LA PLUIE AU CENTRE-VILLE DE MONTREAL. ILS DENONCAIENT LA CORRUPTION ET LA VIOLENCE DU REGIME LAVALAS ET DEMANDAIENT LA DEMISSION D'ARISTIDE. ON A REMARQUE EN TETE DES MANIFESTANTS BEAUCOUP D'ANCIENS LAVALASSIENS DONT ANDRE ARCELIN AUTREFOIS GRAND TENOR DU REGIME DE PORT-AU-PRINCE.

LES MANIFESTANTS ONT ACCUSE ARISTIDE D'ETRE UN DICTATEUR. LES LAVALASSIENS DU CANADA COMMENCENT A SE RENDRE COMPTE QUE LE DOCTEUR GERARD ETIENNE, EGALEMENT DE LA COMMUNAUTE HAITIENNE AU CANADA, AVAIT RAISON QUAND, DES LE DEBUT, IL DENONCAIT ARISTIDE COMME UN DICTATEUR FEROCE QUI MENAIT HAITI VERS SA RUINE.

RAPPELONS QUE GERARD ETIENNE FUT AGRESSE ET BLESSE PAR DES LAVALASSIENS DU CANADA QUI REFUSAIENT D'ENTENDRE UN AUTRE SON DE CLOCHE.

(((((((((())))))))))

NOUVELLES DIVERSES

FINALEMENT, L'UNICEF CONDAMNE L'UTILISATION PAR ARISTIDE D'ENFANTS ARMES POUR TERRORISER, REPRIMER ET MASSACRER LA POPULATION HAITIENNE.

Mme SYLVANA NZINORRERA, LA PORTE PAROLE DE CET ORGANISME DE L'ONU, DENONCE L'EXPLOITATION DES ENFANTS PAR DES RESPONSABLES POLITIQUES. ELLE APPELLE AU RESPECT DE L'INTEGRITE PHYSIQUE ET MORALE DES ENFANTS.

(((((((((())))))))))

L'ASSOCIATION DES CINEASTES HAITIENS INVITE LE PRESIDENT ARISTIDE "A FAIRE LE GESTE QUE TOUT LE PAYS ATTEND". CETTE ASSOCIATION ESTIME QUE TROP DE SANG A COULE SUR LA TERRE D'HAITI POUR MAINTENIR EN PLACE LE POUVOIR LAVALAS. SEULEMENT A GONAIVES, SELON CETTE ASSOCIATION, 34 CITOYENS HAITIENS ONT TROUVE LA MORT. LES FEMMES ET HOMMES DE SPECTACLES, ACTRICES, ACTEURS, COMEDIENS ET COMEDIENNES, CINEASTES EN GENERAL D'UNE SEULE VOIX ONT CRIE : "CA SUFFIT".

(((((((((())))))))))

THEODORE BEAUBRUN Jr CHIFFRE ENTRE 100.000 ET 200.000 LE NOMBRE DE PARTICIPANTS A LA MANIFESTATION DU 22 DECEMBRE. ESTIMATION QUE SEMBLENT PARTAGER BEAUCOUP D'OBSERVATEURS HAITIENS ET ETRANGERS. DES TEMOINS AFFIRMENT QUE LORSQUE LE DEBUT DE LA MANIFESTATION SE TROUVAIT DANS LA ZONE DU SERVICE D'IMMIGRATION A LALUE, LES DERNIERS MANIFESTANTS ETAIENT ENCORE A DELMAS.

(((((((((())))))))))

ON A SIGNALE A PORT-AU-PRINCE LA PRESENCE DE SERGIO ROMERO CUEVAS. LE MEXICAIN EST TRES ACTIF, RENCONTRANT DES TENORS DU GOUVERNEMENT LAVALAS ET DES MEMBRES DE L'OPPOSITION. C'EST AINSI QU'AU COURS DE LA JOURNEE DU 22 DECEMBRE, SERGIO ROMERO CUEVAS S'EST REUNI AVEC LES MINISTRES JOSEPH ANTONIO ET LESLIE VOLTAIRE ET LE LEADER DE L'OPL, GERARD PIERRE CHARLES. IL S'EST AUSSI ENTRETENU PENDANT DES HEURES AVEC LA PASIONARIA DU REGIME LAVALAS, GLADYS LAUTURE.

QUELLE AFFAIRE EST EN TRAIN DE BRASSER CET ANCIEN AMBASSADEUR DU MEXIQUE, FERVENT SUPPORTEUR D'ARISTIDE ET DU REGIME LAVALAS ?

EST-IL EN TRAIN DE PREPARER LA VOIE A DES LAVALASSIENS QUI ENVISAGENT DE LAISSER LE PAYS ? ON SE SOUVIENT QUE

PAUL ODONEL, APRES AVOIR ASSASSINE AMIOT METAYER, S'EST REFUGIE AU MEXIQUE.

(((((((((())))))))))

DANS SES DECLARATIONS A LA JOURNALISTE ANNE PROENZA DE COURRIER INTERNATIONAL, Mme MICHELE MONTAS, VEUVE DE JEAN DOMINIQUE ASSASSINE PAR LES SBIRES DU REGIME LAVALAS, NE SAIT PLUS COMMENT TOURNER SA LANGUE POUR NE PAS RENDRE ARISTIDE RESPONSABLE DE LA SITUATION ACTUELLE DU PAYS. LA MALADRESSE DE SES ARGUMENTS NE FAIT QU'EMAILLER SES DECLARATIONS DE CONTRADICTIONS.

Mme MONTAS JUGE CRIMINEL L'EMBARGO QUE SUBIRAIT ACTUELLEMENT HAITI. ON PEUT RAPPELER DEUX CHOSES A LA VEUVE DOMINIQUE :

  1. AUCUN EMBARGO N'EST ACTUELLEMENT APPLIQUE CONTRE HAITI. L'AIDE INTERNATIONALE A ETE SIMPLEMENT RALENTIE A CAUSE DES ELECTIONS FRAUDULEUSES DE MAI ET DE NOVEMBRE 2001.MICHELE MONTAS NE FAIT QUE REPRENDRE UN ARGUMENT RESSASSE PAR LAVALAS POUR ESSAYER DE JUSTIFIER LE FAIT QUE LE GOUVERNEMENT ARISTIDE N'A RIEN REALISE DANS NOTRE PAYS PENDANT 12 ANS DE REGNE.
  2. Mme MONTAS AVAIT APPROUVE L'EMBARGO REEL IMPOSE A NOTRE PAYS PENDANT TROIS ANS. A CETTE EPOQUE LES ECHANGES COMMERCIAUX NE SE FAISAIENT PAS, MEME LES LIGNES AERIENNES NE FONCTIONNAIENT PAS REGULIEREMENT. C'ETAIT UN EMBARGO "TOTAL CAPITAL" COMME DISAITARISTIDE QUI DEMANDAIT AUX "BLANCS" DE "VISSER", DE "SERRER" LE BOULON ET AVAIT EXIGE DE FIXER UN PLAFOND DE $ 50 POUR LES ENVOIS DE LA DIASPORA AUX PARENTS RESIDANT EN HAITI. VOILA L'ACTE CRIMINEL CONTRE LEQUEL Mme MONTAS AURAIT DU S'ELEVER.

EN MEME TEMPS QUE LA VEUVE DOMINIQUE DIT QUE LE DICTATEUR EST CELUI QUI CONTROLE TOUT DONC ARISTIDE N'EST PAS UN DICTATEUR, ELLE AFFIRME QUE LE POUVOIR LANCE SES BANDES ARMEES, LES FAMEUX CHIMERES, CONTRE TOUS CEUX QUI ONT UNE OPINION DIFFERENTE DE CELLES D'ARISTIDE. QUI CONTROLE LES BANDES ARMEES DONT LES CHEFS SONT RECUS OFFICIELLEMENT AU PALAIS NATIONAL POUR DES AGAPES FRATERNELLES AVEC ARISTIDE ?

DANS CETTE CURIEUSE ENTREVUE, Mme MONTAS AFFIRME AUSSI QUE SI LA VIOLENCE SEVIT AUJOURD'HUI DANS LE PAYS C'EST PARCE QU'ON N'AVAIT PAS OPERE UN VERITABLE DESARMEMENT AU RETOUR D'ARISTIDE EN 1994. UNE TELLE AFFIRMATION PRETERAIT A RIRE SI LES ARMES DONT ELLE PARLE N'AVAIENT PAS FAIT A RABOTEAU PLUS DE 45 MORTS PARMI LA POPULATION CIVILE PENDANT LES SEULS MOIS D'OCTOBRE, DE NOVEMBRE ET DE DECEMBRE 2003.

MICHELE MONTAS, HIER TRES PROCHE DU REGIME, NOUS CONFIE UNE PRECIEUSE INFORMATION ET PARLE EN CONNAISSANCE DE CAUSE. DONC, SELON Mme MONTAS CEUX QUI TUAIENT AVANT LE RETOUR D'ARISTIDE EN 1994 ONT GARDE LEURS ARMES ET SONT LES MEMES QUI ASSASSINENT AUJOURD'HUI A RABOTEAU, A PORT-AU-PRINCE, A PETIT-GOAVE POUR MAINTENIR LE REGIME D'ARISTIDE EN PLACE.

Mme MONTAS ACCEPTE POURTANT QU'ARISTIDE EST MAUVAIS ET QU'IL FAUT CREER LES CONDITIONS POUR LA DEMOCRATIE. CE QUI VEUT DIRE EN CLAIR QUE C'EST UN DICTATEUR ET UNE DICTATURE QUE NOUS AVONS EN HAITI.


Nouvelle intervention meurtrière de la Police à Raboteau

Mardi, 23 décembre 2003 17:08

Au moins huit (8) personnes ont été tuées par balle et une dizaine d'autres blessées suite à une nouvelle opération policière à Raboteau, quartier populaire des Gonaïves, dans la soirée du lundi 22 décembre 2003. Selon des informations rapportées par des correspondants de presse, plusieurs cadavres jonchaient les rues de la Cité de l'Indépendance et étaient dépecés par des chiens. Des sources informées indiquent que les policiers étaient à la recherche des dirigeants du Front Anti-Aristide qui réclame le départ du Président de la République depuis l'assassinat du puissant chef d'OP Lavalas, Amiot Métayer, le 21 septembre dernier. Une vive tension a régné dans la ville, ce mardi, où des barricades de pneus emflammés avaient été dressées un peu partout sur fond de tirs nourris. L'un des responsables du Front, Winter Etienne, a condamné ce nouveau perpétré par la police et dénoncé le régime Lavalas. M. Etienne a demandé à la Communauté Internationale notamment les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne de " débarrasser le pays de Jean Bertrand Aristide ". Durant la journée du lundi 22 décembre, des inconnus armés avaient mis à sac la Place d'Armes où le Président Aristide s'apprête à prononcer son discours de célébration du 200ème anniversaire de l'Indépendance, le 1er janvier prochain.

L'intervention musclée de la police à Raboteau de lundi soir est la quatrième du genre depuis celle du 2 octobre. On a déjà dénombré plusieurs dizaines de morts et de blessés par balle dans le cadre des violences qui frappent la ville.


Situation toujours très tendue aux Gonaïves à une semaine du Bicentenaire de l'Indépendance

Mardi, 23 décembre 2003 10:35

Les membres du Front Anti-Aristide ont saccagé la Place d'Armes des Gonaïves où le Président de la République se propose de prendre la parole à l'occasion du Bicentenaire de l'Indépendance, le 1er janvier 2004. Ces incidents se sont produits lors d'une nouvelle manifestation anti-gouvernementale dans la ville en proie à la violence depuis l'assassinat le 21 septembre dernier du puissant chef d'OP Lavalas, Amiot Métayer. Plus de 20 personnes ont été tuées et une cinquantaine d'autres blessées. La plupart des victimes sont le résultat d'intervention policière..

Les manifestants ont réaffirmé leur détermination d'empêcher au Président Jean Bertrand Aristide de mettre les pieds aux Gonaïves. L'un des dirigeants du Front, Winter Etienne, a invité tous les riverains de la Place d'Armes à vider les lieux en prévision de jours difficiles. Récemment , les membres de cette organisation composée de dissidents Lavalas ont déclaré qu'ils comptaient se suicider si M. Aristide voulait à tout prix prononcer son discours aux Gonaïves. Il y a environ deux (2) semaines, deux (2) véhicules de la police avaient été incendiés peu après le passage d'une délégation d'officiels haïtiens et sud-africains venus sonder le terrain. Selon l'AFP, les opposants armés avaient trouvé dans l'un des véhicules le plan de sécurité de la ville pour l'événement du 1er janvier. Un navire militaire de l'Afrique du Sud est dans les eaux haïtiennes depuis lundi en prévision de l'arrivée du président Thabo Mbeki à Port-au-Prince. Un peu partout dans le pays, des manifestations en faveur du départ de M.Aristide sont organisées. Lundi, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont gagné les rues de la capitale pour demander au Chef de l'Etat de se retirer.

A Léogane, la population a gagné les rues, le lundi 22 décembre, contre le régime Lavalas. Différents secteurs y ont pris part pour demander au Chef de l'Etat de démissionner. A Saint Marc, des membres du RAMICOS ont pu manifester sans incidents contre le Président Jean Bertrand Aristide, le 22 décembre. Cette organisation entend redonner un souffle à son mouvement après la répression des derniers jours.

Aux Cayes, l'Opposition éprouve des difficultés à se mobiliser à cause de l'hostilité des membres d'Organisations Populaires (OP) Lavalas. Le représentant de la Convergence, Jean Gabriel Fortuné, appelle la Police à assumer ses responsabilités.


AFP : Un mort à Port-au-Prince lors d'une manifestation anti-Aristide

23 décembre 2003

PORT-AU-PRINCE (AFP) - Un homme a été tué par balle lundi à Port-au-Prince lors du déroulement d'une importante manifestation pacifique pour réclamer le départ du président Jean Bertrand Aristide, a constaté un journaliste de l'AFP.

La victime, dont l'identité n'a pas été communiquée, a été atteinte d'une balle à la tête au moment ou la police anti-émeute ouvrait le feu pour bloquer une jeep d'hommes armés qui tiraient contre la manifestation anti-gouvernementale pour semer la panique. Cette manifestation regroupant des participants des différentes classes sociales a été organisée à l'appel de représentants de la société civile et de l'opposition. Son début s'était déroulé sans incident sous protection policière.

L'orientation politique de la victime fait l'objet de témoignages contradictoires, certains affirmant qu'il s'agit d'un étudiant, d'autres d'un partisan du pouvoir, d'autres qu'il n'est qu'un simple passant.


Presse - Le Soir (Belgique), « Aristide, l'espoir trahi des Haïtiens »

Haïti - La violence politique se généralise contre une opposition qui cherche à s'organiser et réclame le départ du président

Les incidents ne cessent de se multiplier à Haïti. Ils mettent aux prises des partisans d'Aristide et des opposants qui tentent de faire entendre leurs voix.

REPORTAGE : VÉRONIQUE KIESEL, envoyée spéciale à Port-au-Prince

Les piétons pataugent dans la boue, contournant les étals de misère des commerçants informels, dressés avec quelques bâtons et un peu de tôle mais très envahissants. Les détritus sont partout, vaguement entassés. La plupart des commerces en dur semblent être des loteries : " Paloma ", " Chez Titi " ou, plus prometteur, " Père éternel ". Alors que la route est coupée par un torrent d'eau brunâtre, les embouteillages sont inextricables, les " tap-tap " (minibus servant au transport de passagers) pétaradants bloquant la chaussée, tandis qu'un camion vient de se renverser, écrasant un autocar. Au milieu de cet extraordinaire désordre, des groupes d'écoliers en uniformes impeccables, dont des petites filles aussi jolies que des poupées, se pressent pour aller à l'école. Carrefour, dans la banlieue de Port-au-Prince, semble un concentré des problèmes de Haïti : misère, économie informelle, absence de l'Etat mais, malgré tout, quelques lueurs d'espoir.

A la tête de ce pays chaotique où même les parents les plus pauvres doivent payer l'école de leurs enfants, où les hôpitaux publics sont un désastre, où les routes ont immense besoin d'entretien, trône Jean-Bertrand Aristide. Il a bien changé depuis l'époque, où, petit prêtre des bidonvilles, il prônait la théologie de la libération. Son élection à la présidence de la république, en décembre 1990, avait soulevé d'immenses vagues d'espoir : enfin les Haïtiens avaient un chef d'Etat qui voulait leur apporter dignité et prospérité.

Renversé par un coup d'Etat en septembre 1991, après moins de 7 mois au pouvoir, et contraint à l'exil, Aristide ne retrouvera son poste qu'en octobre 1994, ce qui ne lui laisse qu'un peu plus d'un an de mandat. La constitution interdisant deux mandats successifs, il ne se représente à la présidentielle que fin 2000, pour commencer son mandat en février 2001.

Mais cet " Aristide II ", désormais marié et père de famille, semble se désintéresser des malheurs de la population. C'est en tout cas comme cela qu'il est perçu par d'innombrables Haïtiens. A sa première élection, il y avait un véritable élan populaire : tout le monde s'est mis à nettoyer les rues, à se reprendre en main, explique Marianne, qui travaille dans une coopérative. Mais depuis sa réélection, il se contente de passer en trombe dans sa limousine, entouré de ses gardes du corps américains et il ne voit plus rien. Ici à Haïti, on a toujours tendance à attendre un sauveur, un homme providentiel. La population sait maintenant que ce n'est pas Aristide.. L'économie est dans un état désastreux. Le milliard de dollar que les exilés envoient chaque année à leurs familles permet à Haïti de ne pas sombrer complètement, tout comme l'aide internationale très ciblée que nous recevons.

Quant on circule en province, les équipements nouveaux - pompes à eau, centres de santé, bâtiments scolaires - ont tous, sans exception, été réalisés grâce à de l'aide étrangère, missionnaires, organisations de développement ou petits projets bilatéraux. Mais où passe donc le budget des différents ministères ?

Joseph, actuellement actif dans une ONG, travaillait il y a quelques mois encore au ministère de l'agriculture. Nous n'y faisions rien ! Mes collègues qui y sont toujours sont profondément déprimés : ils ont l'impression de " désapprendre " ! Ils veulent tous démissionner, mais pour aller où ? L'argent du ministère sert régulièrement à payer les manifestants qui viennent " spontanément " aux rassemblements organisés en soutien à Aristide. Ce sont les " chimères ", des bandes armées liées au pouvoir qui s'en occupent. Il y a des budgets précis : autant pour une manifestation simple avec slogans et calicots pro-Aristide. Si l'on veut des bagarres, des barricades et des pneus brûlés, c'est évidemment plus cher. Et chaque ministère doit payer à tour de rôle. Les gens sont désespérés, poursuit Joseph. Leurs espoirs ont été trahis, et le seul modèle qui leur est proposé, c'est la corruption. Que fait le responsable qui est chargé de débourser l'argent pour ces manifs ? Il en sort un peu plus et garde la différence pour lui' Le pire, c'est que les Haïtiens éprouvent désormais une défiance totale pour la politique : plus personne n'y croit.

Haïti est-elle encore une démocratie ? Formellement, oui, même si les dernières élections législatives de mai 2000 ont été dénoncées par l'opposition comme étant entachées de fraudes massives. Depuis, les institutions politiques haïtiennes battent de l'aile : l'opposition a boudé les partielles de rattrapage organisées ensuite, ainsi que les présidentielles de 2000. Et la polarisation n'est allée qu'en s'accentuant. Une large partie de l'opposition estime que les élections ne pourront avoir lieu de façon sûre et honnête tant qu'Aristide sera au pouvoir.

L'Organisation des Etats Américains a déjà fixé, en vain, plusieurs ultimatums au président, lui demandant d'enquêter sur plusieurs cas graves de violations des droits de l'homme, de rétablir un climat de sécurité et de préparer des élections. Mais le blocage reste complet, l'opposition refusant de faire confiance au pouvoir. Or le mandat de la majorité des parlementaires arrive à expiration le 12 janvier 2004. Et pendant tout ce temps, la communauté internationale, qui avait débloqué de très grosses sommes pour participer à la reconstruction de Haïti, a préféré geler l'essentiel de cette aide, dont la population a pourtant un immense besoin, mais qu'elle ne veut pas voir dilapidée par un pouvoir corrompu.

Aristide n'a pas réussi à s'ériger en homme d'Etat, explique une responsable d'une organisation féministe. Il est resté au niveau d'un chef de gang mais est devenu maître dans l'art de la manipulation. La population ne l'intéresse pas, beaucoup moins que la pérennisation de son pouvoir. Le problème, c'est que les Haïtiens attendent maintenant que Washington les débarrasse d'Aristide, quitte à accepter une militarisation. Et il est difficile pour ceux qui sont à contre-courant de reprendre une mobilisation.. L'opposition existe, mais elle est très faible, il n'y a guère de vrais partis.

Pour tenter de faire bouger les choses, 184 organisations civiles se sont réunies en une plate-forme où se côtoient paysans, intellectuels, patrons ou féministes. La mise sur pied du Groupe des 184, en décembre 2002, a été une excellente initiative, explique Evans Lescouflier, ancien ministre actuellement dans l'opposition et qui participe à la plate-forme. C'est de la société civile que viendra la solution : elle travaille à un nouveau contrat social. Car les partis politiques ne sont plus populaires : 5 % de la population croient encore en Aristide, les 95 autres ne font plus confiance à personne. Avant d'arriver à des élections, il faudra une longue préparation citoyenne.

Mais les réunions publiques du Groupe des 184 sont souvent perturbées par des agressions de partisans armés d'Aristide, les " chimères " qui font tristement penser aux " Tontons macoutes ", les milices des Duvalier père et fils, ayant écrasé Haïti sous le joug de leur dictature pendant 30 ans, (1957-1986). Depuis le mois d'octobre, la situation est devenue de plus en plus tendue, avec une montée des violations des droits de l'homme : plus les semaines passent, plus les hommes de main du pouvoir se font agressifs.

Fin novembre furent découvertes dans les rues de Port-au- Prince des têtes de mort accompagnées de messages virulents d'un comité proche du parti Famille Lavalas, celui d'Aristide. Ces messages ordonnaient aux partisans du président de s'en prendre à des personnalités de l'opposition, leur enjoignant de " tuer et décapiter ". Pour la Coordination nationale de plaidoyer pour les droits des femmes (Conap), membre du groupe des 184, le gouvernement Lavalas franchit une autre étape dans l'horreur. L'utilisation sans vergogne de têtes de morts montre jusqu'où entend aller Lavalas pour se maintenir au pouvoir. Le massage est clair : réduire à néant, par assassinat et la décapitation, toute contestation, toute velléité de contestation ! Difficile dans ces conditions d'imaginer qu'il sera possible d'organiser rapidement des élections sereines et équitables.


Un diaporama de photos de la manifestation du 22 décembre 2003

Un diaporama de 66 photos de la manifestation du 22 décembre 2003

HaitiWebdo - Record d'impopularité pour Jean-Bertrand Aristide

HaitiWebdo - Numéro 58, 23 décembre 2003

Alors qu'une marrée humaine comparable aux foules gigantesques et euphoriques de l'après Duvalier (février 1986) déferlait le 22 décembre sur la capitale haïtienne, des partisans de Jean Bertrand Aristide, en nombre insignifiant, s'offraient en spectacle dans l'aire du Champ de Mars, principale place publique de la capitale. Imperturbable, Aristide continue de « préparer » la célébration du bicentenaire d'Haiti le premier janvier prochain. Sans programme officiel, jusqu'à présent.

RECORD D'IMPOPULARITÉ POUR JEAN BERTRAND ARISTIDE

Par Vario Sérant

Sous le coup de dix heures du matin, heure haïtienne, ce 22 décembre, répondant à l'appel d'un regroupement d'organisations de la société civile et des partis politiques de l'opposition, des gens de tous âges et de toutes catégories sociales et professionnelles commençaient à se réunir à la place du Canapé-Vert, le lieu de ralliement.

Au même moment, des bandes de rara composées presqu'exclusivement d'adolescentes et d'adolescents créaient l'animation devant le Palais National. Quelques moments de déhanchement et des slogans lancés pelle mêle en faveur du Chef de l'Etat, les « carnavaliers » s'évaporent.

En début d'après-midi, le décor change des deux côtés.

D'une part, une foule compacte arborant des branches d'arbres et des mouchoirs blancs en signe de paix, le long de plus d'un kilomètre de route, sillonne, au pas de course, diverses artères de la capitale (Delmas, Nazon, Lalue), en scandant des slogans coutumiers du genre « si c'est ça la minorité, Jean Bertrand Aristide ne sait pas compter ».

De l'autre, des chimères (casseurs recrutés par le pouvoir dans les quartiers défavorisés) sont rassemblés en petits groupes dans l'aire du Champ de Mars.

Très menaçants, ils ont provoqué, à plusieurs reprises, une certaine panique au coeur de Port-au-Prince. Ils ont placé des barrages non loin de l'intersection Poste Marchand / Avenue John Brown (Lalue) alors qu'ils flairaient l'arrivée des manifestants anti-Aristide et tiré plusieurs coups de feu.

Sous les regards de policiers impuissants, ils ont confisqué des véhicules pour être plus « opérationnels ». Une de ces scènes insolites s'est déroulée dans les parages d'une station service située à quelques mètres du Palais National. Un employé en cravate de l'Office National d'Assurance a été éjecté de son véhicule immatriculé SE (Service de l'Etat)-2478. On a par ailleurs aperçu plusieurs véhicules suspects, dont une « jeep » Rocky immatriculée 1-00-79, à bord desquels circulaient des policiers et civils en armes.

La manifestation anti-Aristide s'est déroulée sous forte protection policière. Deux morts et six blessés sont tout de même à déplorer, selon le bilan dressé en fin de journée par la police nationale.

Les personnes tuées auraient été touchées au moment où des agents de la compagnie d'intervention et de maintien d'ordre (CIMO) ouvraient le feu, selon des témoins, pour bloquer une « jeep » d'individus armés qui tiraient contre la manifestation anti-gouvernementale pour fomenter la pagaille. Parmi les membres de ce commando figureraient les chefs de groupes lavalas René Civil et Paul Raymond. Ces derniers ont démenti leur présence à bord du véhicule incriminé, une « jeep » Montero immatriculée « location 2343.

Le gouvernement et les responsables policiers ont attribué ces incidents au fait que les organisateurs de la marche n'ont pas respecté l'itinéraire convenu (pour la manif) avec la police.

Après quelque trois heures d'horloge, la manifestation s'est achevée dans l'enceinte de la Faculté des Sciences Humaines, co-victime avec l'INAGHEI (une autre unité de l'Université d'Etat d'Haïti) d'un raid sanglant des partisans du président Jean Bertrand Aristide le 5 décembre dernier. Cet assaut s'était soldé par une trentaine de blessés. Au même moment que Port-au-Prince, plusieurs autres villes du pays dont Gonaïves, Léogane et Saint Marc étaient également debout contre Jean Bertrand Aristide ce 22 décembre.

Un peu partout dans le pays, les populations réclamant le départ du pouvoir de Jean Bertrand Aristide disent vouloir maintenir la mobilisation jusqu'à satisfaction de cet objectif. Le coeur des haïtiens n'est pas à la fête. Sur les principales stations de radiodiffusion, des musiques engagées volent la vedette aux traditionnels chants de noël.

Comme un leitmotiv, ce slogan revient à chaque manifestation anti-gouvernementale : « Nou pap bwè soup premye janvye ak Aristide » (Nous ne boirons pas la soupe du 1er janvier avec Jean Bertrand Aristide).

Ce 23 décembre, le collectif d'artistes et d'intellectuels pour la défense des libertés avait prévu d'organiser à la Faculté des Sciences Humaines - lieu symbolique de la résistance au régime lavalas - un méga concert avec, entre autres, des groupes et chanteurs haïtiens très prisés tels « Boukman Eksperyans » de Théodore Beaubrun Junior dit lòlò, « Wawa », « Masters » Jah Nesta et Mushi Widmaier.

Le collectif et la coordination des étudiants de l'Université de l'Université d'Etat d'Haïti (UEH) envisagent à l'occasion de dénoncer la dictature lavalas.

Une manifestation de médecins pour réclamer également la démission d'Aristide a été prévue à Port-au-Prince pour le 24 décembre, veille de la noël.

Alors que la contestation enfle dans tout le pays, Jean Bertrand Aristide prépare imperturbablement les célébrations du bicentenaire de l'indépendance d'Haïti ; une entreprise menée par le gouvernement en solitaire, sans que la population ne soit mise au courrant du programme des festivités officielles..

Les différents groupes organisés de la société ont pris leur distance face à la démagogie caractérisant la « préparation » de la célébration officielle et la recherche par Jean Bertrand Aristide, à travers ces « festivités » d'une légitimité internationale.

En Haïti et à l'étranger des critiques sont également émises sur la présence depuis le 22 décembre dans les eaux haïtiennes d'un navire de guerre sud-africain, accompagnant la visite prévue du président sud-africain Thabo Mbeki à l'occasion du bicentenaire d'Haiti, le premier janvier 2004.