Haïti : nouvelles du 22 janvier 2004
Pétition pour le respect des droits inaliénables et imprescriptibles du peuple haïtien
En cette année du bicentenaire de l'indépendance d'Haïti, première République des Amériques à garantir une égale liberté à l'ensemble de ses habitants, quelle que soit la couleur de leur peau, la nation haïtienne subit l'oppression de son propre gouvernement.
Depuis les élections législatives truquées de mai 2000 et l'élection présidentielle légitimement contestée du mois de novembre de la même année, le président Jean-Bertrand Aristide et son parti politique Fanmi Lavalas ne se maintiennent au pouvoir que par le silence de la communauté internationale et par le recours aux "chimères", ces groupes paramilitaires - armés et rémunérés par le clan Aristide - qui terrorisent et assassinent les citoyens d'Ayiti Tonma. Cette violence de type "duvaliériste" est l'ultime recours d'un régime corrompu face à une contestation démocratique qui se manifeste de jour en jour plus intensément dans tout le pays, ainsi que dans la diaspora.
Nous, Citoyens, inquiets de ce climat de violence et de répression généralisées instauré par le président Jean-Bertrand Aristide et le gouvernement Fanmi Lavalas, sollicitons instamment du gouvernement de la République française, par l'intermédiaire de son ministre des Affaires Étrangères, l'emploi de tous les moyens diplomatiques à sa disposition pour obtenir du gouvernement de la République d'Haïti le respect des « droits inaliénables et imprescriptibles » du peuple haïtien « à la vie, à la liberté et à la poursuite du bonheur »*.
Nous demandons au gouvernement français de porter les revendications du peuple haïtien devant la communauté internationale afin d'aider à l' organisation immédiate d'une transition politique capable d'« instaurer un régime gouvernemental basé sur les libertés fondamentales et le respect des droits humains, la paix sociale, l'équité économique, la concertation et la participation de toute la population »*.
L'UNION FAIT LA FORCE !
Paris, le 18 janvier 2004
* - Préambule de la Constitution du 29 mars 1987 de la République d'Haïti.
POUR LE PEUPLE HAÏTIEN,
MERCI DE DIFFUSER CETTE PETITION LE PLUS LARGEMENT POSSIBLE
----------------------------
Si vous souhaitez ajouter votre signature à cette pétition, adressez vos nom et prénom - ainsi que votre métier ou fonction - à l'adresse suivante : gwadaoka@gwadaoka.org. La pétition et la liste des signataires - régulièrement remise à jour - sont consultables sur le site http://www.gwadaoka.org/democratie_haiti.htm.
PREMIERS SIGNATAIRES
Reynold Henrys (journaliste), Murielle Marius-Bertille (professeur), Fabien Marius-Hatchi (co-fondateur de gwadaoka.org), Philomé Robert (journaliste en exil), Rony Lapommeray, Florence Gauthier (historienne - Université Paris 7), Carlo A. Célius (historien - Université Laval, Québec), Michel Giraud (chercheur au CNRS), Gérald Bloncourt (peintre - président du comité pour juger Duvalier), Victorin Lurel (député de la Guadeloupe), Paul Baron (professeur), Charles Lecomte (chargé de mission politique de la Ville - Marne-la-Vallée), Patrick Karam (président du collectif des Antillais, Guyanais et Réunionnais), Otman El Mernissi (étudiant), Pierre Guedj (consultant international), Fausto Giudice (journaliste), ...
Présentation de la situation politique en Haïtí
Réunion des chefs d'Etat de la CARICOM
(Nassau, Bahamas, 21-22 janvier 2004)
par la Convergence Démocratique
La grave situation politique que connaît aujourd'hui Haïti est la conséquence de facteurs tels que :
L'effondrement du mythe Aristide, un prêtre populiste qui en 1990, dans le con-texte d'effervescence populaire postérieur à la chute de la dictature de Duvalier (1986) avait surgi comme un leader charismatique jouissant d'une très grande popularité, laquelle s'est érodée sous l'effet de sa mauvaise gouvernance et celle de son successeur désigné, René Préval (1995-2000), au point que le secteur lavalas a du recourir en l'an 2000 à des élections frauduleuses (législatives et présidentielles).
Le rejet par la majorité de la population de ses élections frauduleuses de l'an 2000 qui ont mis en question la légitimité même du président Aristide bénéficiaire de ces élections illégitimes par lesquelles il monopolisait pour lavalas 100% du pou-voir législatif et des municipalités. Une opposition de plus en plus large, représentée par la Convergence Démocratique, réclamant l'annulation de ses élections, a commencé à mobiliser le peuple portant l'Organisation des Etats Américains à jouer un rôle de médiateur. Durant 3 ans, M. Aristide, par des ruses de toute sorte, à refusé de négocier en même temps qu'il renforçait son control sur l'Etat contrôlant ou détruisant, par la terreur, la corruption, les institutions, vassalisant totalement le Parlement, exerçant la main mise sur l'appareil judiciaire et la Police Nationale.
Le renforcement de l'opposition politique avec la participation militante de nombreux secteurs de la société civile et de la population de plus en plus exaspérés face à un pouvoir corrompu affichant des rapports étroits avec la maffia et dont la mauvaise gouvernance se manifeste dans tous les domaines, qui utilise le mensonge systématique et montre une hostilité ouverte vis-à-vis de la presse.
La volonté de M. Jean Bertrand Aristide d'imposer son pouvoir absolu sur la nation l'a porté, en lieu et place du dialogue, de la négociation et du compromis, à accentuer sa politique de violence au mépris des requis de la Constitution et des lois et des exigences de la population ainsi que de l'environnement international en faveur des droits humains et des libertés publiques.
Les traits antidémocratiques et la projection totalitaire de son pouvoir personnel se définissent ainsi :
La perversion systématique des institutions et des attributs de la démocratie pour renforcer le pouvoir absolu :
- Vassalisation des Pouvoirs législatif et judiciaire ;
- Mainmise sur la police, introduction dans son sein d'inconditionnels en dehors des règlements et formation de police parallèle ;
- Utilisation de l'appareil d'Etat à des fins partisanes ;
- Tentative répétée de vassalisation de l'Université ;
- Mainmise sur les médias d'Etat et des chaînes de télévision et de radios privés.
Violation illimitée et multiforme des droits humains :
- Persécution de journalistes et violence contre les médias indépendants ;
- Utilisation de gangs armés et de cagoulards dans des opérations de répression ;
- Utilisation de l'appareil judiciaire à des fins politiques et non-respect des décisions de justice ;
- Assassinats et persécutions de journalistes, d'activistes politiques et de militants des droits humains ;
- Non-respect et violations, à caractère brutal, des droits de réunion et de manifestation ;
- Arrestation arbitraire et maintien illégal en prison de dirigeants politiques, de personnalités de la société civile ou de simples militants.
L'impunité comme règle de fonctionnement du système va de paire avec le déni de la Constitution et des lois dans la répression, et la violence dans un schéma d'action anarchique pire que celui de nombreux régimes totalitaires qui fondent leur action sur la loi qu'ils ont eux-mêmes crée, comme ce fut le cas de l'apartheid.
Refus de toute négociation :
- Dans une attitude d'imposition, nuancée par le mensonge, la ruse, le faire semblant, M. Jean Bertrand Aristide s'est appliqué à imposer son entreprise de pouvoir absolu. Cette attitude a culminé par son refus de toute négociation avec l'opposition politique. Celle-ci réclamait depuis l'année 2000 la révision des élections frauduleuses législatives et présidentielles, la cessation des actes arbitraires et de la violence contre l'exercice des droits civils et des droits humains, ainsi que des conditions pour la réalisation de véritables élections.
- Le gouvernement haïtien a manifesté une constante indifférence, voire du mépris, vis à vis des résolutions 806 et 822 de l'OEA ainsi que des recommandations de diverses instances internationales ? l'Union Européenne, la CARICOM, des institutions financières telles que la Banque Interaméricaine de Développement.
Croissante perte de crédibilité et de popularité :
- Total perte de crédibilité de Jean Bertrand Aristide en termes de non-respect de ses promesses et engagements, de discours politiques de plus en plus vides et répétitifs, de ses incitations à la violence, de ses références à la négritude, de ses tentatives de s'identifier avec les héros de l'indépendance et de confondre ses ambitions de pouvoir et de fortune personnelle avec un quelconque rôle historique.
- Isolement de son pouvoir au plan national, avec le questionnement de sa gestion écon-mique et sa démagogie par les classes moyennes, et les secteurs économiques qui l'avaient jusqu'ici appuyé.
- Démystification de plus en plus marquée au niveau international, de la part des gouverne-ments, des institutions et de l'opinion publique, informés de la nature de son pouvoir, de sa gestion catastrophique, de la corruption, et de la situation de non-loi et de chaos qu'il a engendré.
- Participation croissante des organisations de la société civile à la protestation et à la revendication en faveur des droits et libertés.
- Exaspération de la répression qui prend un caractère de plus en plus cynique et incon-trôlé, atteignant non seulement les opposants et les dissidents mais aussi les secteurs les plus divers de la population, victimes de l'anarchie, du nihilisme, d'hommes armés dans un contexte identifié avec les temps les plus durs de la dictature de François Duvalier
Utilisation systématique de la violence :
En même temps, le chef du pouvoir lavalas a crée un climat de suspicion, de méfiance et de haine dans ses relations avec la communauté internationale, soit par des discours ou déclarations pseudo nationalistes, soit par des prises de position soi-disant antiracistes ou anti-impérialistes. Cette attitude, propre d'un double jeu contraste avec le recours à des mercenaires étrangers pour assurer sa sécurité personnelle permanente ou des manipulations au plan international pour s'assurer une sorte de protection, de bouclier vis-à-vis de l'opposition interne accusée d'exercer la violence, alors que la seule violence qui marque le processus politique haïtien est celle qui émane du pouvoir Lavalas et des forces locales crées par elles.
Ainsi, le 17 décembre 2001, des hommes du pouvoir, encadrés par la Police National, incendièrent les locaux des principaux partis politiques et les résidences de leurs dirigeants de la Convergence Démocratique qui soutenaient alors des négociations avec le gouvernement avec le patronage de l'OEA. Aux Gonaïves, les hommes d'Amiot Métayer, armés par lavalas, ont initié l'escalade de violence contre l'opposition
La politique de violence utilise la Police Nationale comme instrument. Cette institution a été infiltrée et prostituée par l'introduction dans son sein d'hommes de main sans aucune formation policière, souvent des repris de justice, inconditionnels recrutés en de-hors des critères institutionnels. Ces gangs armés semi-officiels constituent de fait une milice au service du pouvoir. De là, la multiplication du crime, des actes de terreur et des séquestres dont les exécutants sont directement liés aux organismes de sécurité présidentielle. De là, la règle de l'impunité qui caractérise le pouvoir. De là aussi, la situation permanente de violations de droits humains, dénoncée par tous les organismes de droits humains en Haïti et à niveau international.
Ces antécédents ont débouché sur une nouvelle étape ouverte le 5 décembre par l'agression de civils armés et de la police contre l'Université, prolongeant toute une politique contre l'autonomie de l'université et les universitaires, dont la brutalité a été illustrée par la violence personnelle contre le recteur, dont les deux genoux ont été cassés à coup de barres de fer par des policiers en civil.
Quelques jours après, le 13 janvier, une vaste opération de sabotage était entreprise contre les stations de radio de la capitale dont les émetteurs furent endommagés culminant toute une politique d'agression contre la presse et les stations de radio en particulier.
Rébellion pacifique pour le départ de Jean Bertrand Aristide :
Face à la recrudescence de la violence gouvernementale et le refus évident du gouvernement, au-delà de ses déclarations officielles, d'arriver à une solution de compromis qui tienne compte des demandes de la population, une situation de rébellion civile généralisée, pacifique se développe depuis lors dans le pays. Une trentaine de localités sont secouées par des manifestations de rues. La capitale est le théâtre de marches civiques réunissant des centaines de milliers de citoyens réclamant le départ de Jean Bertrand Aristide. Cette demande est partagée par de nombreux secteurs sociaux de la capitale et de la province. Les organisations de la société civile, se prononcent dans le même sens. La totalité des partis politiques partagent le même critère concernant le fait que Jean Bertrand Aristide s'avère le principal obstacle à la réalisation de tout compromis et à l'avènement d'un régime de consensus pouvant garantir la tenue des élections véritables et le développement démocratique du pays.
En date du 2 janvier 2004, la Plate-Forme Démocratique des Partis Politiques et de la Société Civile, a rendu public une proposition consensuelle d'Alternative à la crise politique, prévoyant les processus et modalités pour l'établissement d'un gouvernement pouvant conduire dans les délais les plus brefs à des élections démocratiques.
Amnesty International : Haïti. Les droits humains et le bicentenaire. Programme d'action en 10 points
Lisez le texte directement sur le site d'Amnesty International. Y figurent également d'autres communiqués sur Haïti.