Haïti : nouvelles du 31 décembre 2003
Le frère cadet d'Amiot Métayer dénonce un montage du pouvoir Lavalas
Le frère cadet de l'ancien chef de l'armée cannibale, Amiot Métayer assassiné en septembre dernier, est monté au créneau pour dénoncer un montage dont il s'est estimé victime de la part du gouvernement Lavalas.
Mardi 30 décembre, Butteur Métayer divulguées dans la presse par le sénateur Jean Claude Denicé et le député Amanus Mayette, dans lesquelles le concerné se serait dit favorable à la célébration de la fête de l'indépendance par Jean Bertrand Aristide aux Gonaïves, 155 kilomètres de la capitale.
Butteur Métayer accuse le pouvoir lavalas d'avoir réalisé un montage : ils n'ont fait que recoller des bouts de phrases que j'ai prononcé ici et là.
Ne voulant pas s'attarder outre mesure sur ces manoeuvres du gouvernement, Métayer a déclaré qu'il n'était pas assez stupide pour commettre la même erreur que son frère qui a fait avant sa mort un revirement yo-yo vers Lavalas - et qu'il n'entendaient pas non plus souiller la mémoire de celui-ci par cupidité. Butteur Métayer s'est contenté de réaffirmer avec virulence son hostilité au pouvoir en place.
Manifestation antigouvernementale : au moins quatre blessés par balles 4 personnes ont été blessées par balles, mardi 30 décembre dans la capitale, lors d'une manifestation de la plate-forme de l'opposition.
Des individus circulant à bord d'un véhicule de service de la Télécommunication SA, la compagnie de téléphonie publique, ont tiré sur les manifestants, faisant au moins quatre blessés. La veille, des partisans du pouvoir Lavalas avaient manifesté sans incident majeur dans la zone métropolitaine.
Plusieurs milliers d'opposants sont descendus dans la rue mardi pour demander une fois de plus le départ du chef de l'Etat Jean Bertrand Aristide, à moins de 48 heures de la célébration du bicentenaire de l'indépendance, le 1er janvier 2004.
Les étudiants, principal moteur de cette mobilisation, ont projeté de manifester les 31 décembre 2003 et 1er janvier 2004 à Port-au-Prince.
La marche pacifique, qui a démarré au Canapé-Vert, haut de la capitale, a été perturbée, une première fois, dans la banlieue de Delmas (nord de la capitale), lorsqu'un tir d'arme à feu est parti de l'Office national d'assurance. La police a dû intervenir pour calmer le zèle du civil armé qui a tiré, en précisant que la manifestation était légale.
Quelques centaines de mètres plus loin, à Lalue, à Port-au-Prince, des agents du Corps d'intervention et de maintien de l'ordre ont aspergé les manifestants de gaz lacrymogène pour les contraindre de modifier le parcours prévu pour la manifestation.
Les policiers ont expliqué qu'ils voulaient empêcher un affrontement entre les opposants et des proches du gouvernement qui, ont-ils dit, manifestaient au bas de Lalue au même moment
Bicentenaire de l'Indépendance : un sénateur Lavalas décline l'invitation du chef de l'Etat
Le sénateur Prince Pierre Sonson a répondu par la négative à une invitation du président Jean Bertrand Aristide pour aller fêter aux Gonaïves le bicentenaire de l'indépendance d'Haïti.
Le sénateur Lavalas Prince, qui a pris depuis quelque mois ses distances avec Jean Bertrand Aristide, a refusé de prendre part aux festivités commémorant le bicentenaire de l'indépendance d'Haïti aux côtés du chef de l'Etat.
Le parlementaire a pris cette décision pour, a-t-il dit, "éviter de me tremper les mains dans le sang de nos frères de Raboteau (Gonaïves), de marcher sur les cadavres de mes frères massacrés en guise de récompense pour avoir commis le crime de vous avoir hissé au pouvoir".
Prince Pierre Sonson a rappelé qu'en deux ans, plus de six chefs d'organisations populaires proches du pouvoir en place ont été assassinés, dont l'activiste Amiot Métayer dans la cité de l'indépendance.
"Monsieur le président, au moment où vous vous apprêtez à célèbrer ce bicentenaire, nombreux sont ceux qui en votre nom emprisonnent, torturent, assassinent. La liste des victimes s'allongent démesurément : il pleut du sang" , s'est offusqué le sénateur dissident.
"Vous avez trahi la lutte du peuple et je refuse de porter avec vous dans la cité de l'indépendance le drapeau de la trahison" , a renchéri Prince Pierre Sonson.
MESSAGE A LA GENERATION DU BICENTENAIRE DE L'INDEPENDANCE
ORGANISATION DU PEUPLE EN LUTTE
105, Ave. Lamartinière,Bois Verna
Port-au-Prince , Haïti (W.I.)
Tél : ( 509 ) 245- 4534 / 245- 3584
Gérard Pierre-Charles
Chaque génération vit la réalité de son contexte historique : avec ses joies, ses difficultés, ses contraintes, illusions, déceptions. Chaque génération doit assumer aussi les responsabilités qui lui incombent.
La génération des 20 et 30 ans qui correspond à ces années du Bicentenaire vit dans le désarroi. Victime de bien des frustrations, elle se sent privée des opportunités d'emploi, et d'études que toute nation offre à sa jeunesse. Sans perspective du futur, elle est portée à fuir ce pays dont les croissantes difficultés semblent éteindre les espoirs à une vie meilleure. A cette génération, plus qu'à toute autre s'impose la responsabilité de lutter pour le changement.
La chute des Duvalier en 1986 avait crée des espérances qui n'ont pas été satisfaites. Les régimes surgis dans la période postérieure ont trahi les aspirations de la population à l'Etat de droit, au mieux-être et à la dignité de la nation. Ainsi le sens même de la lutte pour la démocratie et pour la révolution qui avait suscité tant de sacrifices de la part des secteurs les plus avancés a été dénaturée.
Depuis, le peuple n'a connu que des désillusions. Les militants convaincus ou les simples patriotes qui rêvaient de changement ont vu leurs efforts se frustrer. Une clique de voyous, conduits par un maître-chanteur, a tout fait pour installer un pouvoir absolu, éliminer les opposants, asservir les institutions et vider la nation de ses énergies et même de ses rêves. Le mensonge, le cynisme, l'intimidation et la violence, servent de base à ce régime personnel et totalitaire ou trônent dans la corruption et l'impunité, autant de chefs millionnaires, grands-mangeurs, trafiquants de drogue, propriétaires de villas et de voitures luxueuses.
Encore une fois, comme cela a eu lieu de façon tragique dans notre histoire, « les audacieux », les sans vergogne ont fermé la bouche aux honnêtes citoyens répétant avec des paroles vidées de leur sens, des discours démagogiques et haineux, recourant au pistolet, à la manchette, à la rigwaz. La terreur exercée par les chimères a conduit à la nuit noire de l'épouvante. Le cancer de la suspicion a envahi nos rues, nos foyers, nos églises, nos relations amicales, notre sens de la solidarité. Le sauvetage individuel est apparu comme l'unique voie ou se risquer.
Face à la catastrophe créée par lui-même et son patron, Ti-René, le président « en ce n'est rien », ne recommandait-il pas aux citoyens de « najé pou soti » ? Sortir à la nage vers l'étranger, sortir comme professionnel à la recherche d'un job, fuir de la participation citoyenne, de la responsabilité politique, abandonner le terrain aux tout puissants maîtres en grossissant les rangs de la marginalité, de la plainte inutile et du désespoir. Voici ce que Lavalas offre à la jeunesse, au peuple en général.
A l'occasion de 2004, la nation tourne les yeux vers « la génération du Bicentenaire » qui est rentrée dans l' arène contre l'intolérable. Elle en appelle aux jeunes qui vivent aujourd'hui leur vingtaine et les autres moins jeunes ou plus jeunes, animés de l'amour de la patrie, convaincus que ce pays délabré, a besoin de leur énergie, de leur volonté pour se libérer des tares de la peur, de la corruption, de la résignation et de l'arriération. En faisant revivre les traditions d'intégrité et de patriotisme d'Anténor Firmin, de Rosalvo Bobo, de Charlemagne Péralte, de Jacques Roumain, de Jacques Stéphen Alexis, la génération du Bicentenaire de l'indépendance, inspirée par l'humanisme et le sens de la solidarité, aidera à la renaissance d'Hait'. Elle contribuera à la construction d'une véritable nation pour tous les Haïtiens, mus par les idéaux de justice pour tous, éducation pour tous, travail pour tous.
L'heure est à la mobilisation et à la concertation. Le réveil du peuple souffrant, soit la marche du peuple combattant dans les rues de la capitale et de la province, débouchera sur le départ d'Aristide. stimulant tout un processus de conscientisation, de participation citoyenne, de prise de responsabilité politique, de prise en charge de l'Etat, du changement dans le sens du développement économique, de la justice sociale, de l'épanouissement culturel..
Ceux qui ont initié et livré le combat avant vous et poursuivons , sans trêve, cette lutte, nous voyons en vous des continuateurs décidés et de nouveaux contingents devant assumer la relève. La gravité de l'étape actuelle de la crise du système interpelle votre courage, votre imagination créatrice, votre sens de la persévérance ; et aussi votre capacité critique vous permettant de comprendre la responsabilité des uns et des autres dans cette situation haïtienne. pour vous consacrer de là façon la plus efficace a la noble tache du changement
L'Organisation du Peuple en Lutte se situe dans la lignée des haïtiennes et haïtiens conséquents qui, durant ces deux siècles, ont été guidés par le patriotisme et ceux qui plus récemment nous ont précédés dans cette longue marche. Elle est décidée à mener la bataille pour l'unité et la réconciliation nationale jusqu'au triomphe de la liberté, du progrès et de la paix sur notre terre.
Etudiants, étudiantes, jeunes professionnels et techniciens, l'OPL a besoin de vous dans ses rangs ou à ses cotés. Elle vous encourage, elle vous exhorte même, profitant de l'expérience de vos devanciers et évitant leurs errements, à vous engager davantage, de façon militante et constructive, a faire avancer la cause commune, pour la démocratie et le développement En ce moment décisif, elle vous demande de tout faire pour soutenir l'élan vers l'unité de tous ceux, partis politiques, société civile, artistes, intellectuels, qui se sont engagés déjà dans le combat pour la nation. Faisons notre la consigne :
Le peuple uni jamais ne sera vaincu.
Port-au-Prince, le 29 décembre 2003.
Gérard Pierre-Charles
Coordonnateur Général de l'Organisation du Peuple en Lutte
Membre du Directoire de la Convergence Démocratique