Haïti : nouvelles du 26 décembre 2003

DE MICHELE LEMOINE :
Je viens d'apprendre sur messenger que les soldats sud-africains qui sont aux Gonaïves auraient tué 22 personnes. j'attends confirmation de cette info dans la presse de demain. Vérifiez aussi si vous pouvez.

Manifestation antigouvernementale à Port-au-Prince

PORT-AU-PRINCE, 26 déc -Une manifestation de l'opposition réclamant la démission du président Jean Bertrand Aristide s'est déroulée vendredi à Port-au-Prince, pour la troisième fois en une semaine, sans incident et sous la protection de la police, a constaté l'AFP.

Des milliers de personnes parmi lesquels André Apaid, le coordonnateur du groupe des 184 (société civile et patronat), des responsables de l'opposition tels Micha Gaillard, Paul Denis, Evans Paul, Himmler Rébu ou le sénateur dissident Pierre Sonson Prince, ont conspué le chef de l'Etat, réclamant sa démission.

Par ailleurs, une manifestation de plus d'un millier de partisans du président haïtien s'est également tenue sans incident devant l'ambassade de France avec une importante sonorisation sur le thème de la "restitution et de la réparation" à propos de la dette dite de "l'indépendance" (l'indemnisation des anciens colons français) payée par Haïti à la France au XIXe siècle.

Le président Aristide réclame 21,7 milliards de dollars à ce propos à Paris qui a créé un comité de réflexion sur l'avenir des relations franco-haïtienne présidé par l'écrivain Régis Debray. Ce comité qui vient d'effectuer une visite de travail à Port-au-Prince doit remettre ses recommandations en janvier prochain au président Jacques Chirac.

Les manifestants pro-Aristide se sont ensuite rendus devant le Palais National (siège de la présidence) pour renouveler leur attachement au président haïtien et à la défense de son mandat constitutionnel de cinq ans.

En outre, un des substituts du commissaire du gouvernement (équivalent haïtien du procureur de la République) de Port-au-Prince, Me Daméus Ocnam, a révélé, vendredi, sur des radios haïtiennes dans une déclaration pré-enregistrée, qu'il avait gagné les Etats-Unis pour éviter de participer à un "plan du pouvoir" qu'il réprouve.

Selon lui, ce plan consisterait à faire emprisonner André Apaid, Hervé Saintilus, un leader étudiant, et Me Gervais Charles, avocat de M. Apaid, signataires de la demande d'autorisation de la manifestation anti-gouvernementale de lundi au cours de laquelle deux personnes avaient été tuées par balle afin de leur faire porter la responsabilité de cet incident.

Le Commissaire de gouvernement de Port-au-Prince, Me Riquet Brutus, dont le nom était cité à ce propos, a démenti l'existence de ce plan.


Un juge se réfugie aux Etats-Unis pour échapper à des pressions de la présidence afin de jeter en prison des initiateurs d'une récente marche anti-gouvernementale

P-au-P., 26 déc. 03

[AlterPresse] --- Un des substituts du commissaire du gouvernement près le Tribunal Civil de Port-au-Prince, Me Daméus Clamé Ocnam, a décidé de se réfugier momentanément aux Etats-Unis pour échapper à des pressions de la présidence de la République pour qu'il ordonne l' arrestation de trois des organisateurs de la manifestation anti-gouvernementale du 22 décembre dernier, à Port-au-Prince.

Au cours de cette marche qui avait rassemblé plusieurs dizaines de milliers de manifestants, 2 personnes avaient trouvé la mort et six autres avaient été blessées dans un accrochage entre la police et un commando composé vraisemblablement de militants du parti au pouvoir qui avait ouvert le feu sur les manifestants.

Les initiateurs de la marche qui devraient être écroués sont André Apaid Junior, coordonnateur du Groupe des 184, Hervé Saintilus, président de la Fédération des Etudiants Universitaires Haitiens et l'un des avocats du Groupe des 184, Gervais Charles.

Ces deux dernières personnes avaient signé la lettre de notification à la Police de la tenue de la manifestation, comme le requiert la Constitution. Cependant, en vertu d'une loi prise sous la dictature militaire du général Henry Namphy (1986-1988) récemment invoquée par le pouvoir lavalas pour freiner la vague sans cesse croissante des manifestations anti-gouvernementales, les organisateurs des manifestations et rassemblements publics doivent répondre de leurs responsabilités toutes les fois que des incidents se produisent au cours de ceux-ci.

Dans des déclarations à plusieurs stations de radio de la capitale diffusées ce 26 décembre, Me Daméus explique que, le 23 décembre dernier, il a été conduit au Palais national par le titulaire a.i. du Parquet, Me Ricquet Brutus, pour prendre part à une réunion avec le nommé Marceau Edouard, (cadre engagé par le pouvoir dans le cadre du projet de réforme judiciaire enclenchée au retour à l'ordre constitutionnel en 1994) et un autre substitut du commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Me Jocelyne Casimir, présentée par Me Daméus comme la conjointe de l'ancien chef du Parquet et actuel conseiller du chef de l'Etat, Me Jean Auguste Brutus.

Selon Me Daméus, ses interlocuteurs lui ayant présenté le texte d'un mandat d'amener qu'il devait tout simplement signer, il affirme avoir vainement tenté de leur démontrer le caractère illégal de leur démarche dans la mesure où, d'une part, aucun flagrant délit dans les décès en question n'a été établi; d'autre part, le Parquet ne dispose d'aucune plainte contre les personnes incriminées.

Au terme des discussions, le magistrat affirme avoir été instruit de convoquer les intéressés pour le vendredi 26 décembre et de transformer un mandat de convocation qu'il a dû finalement signer en mandat d'amener, sitôt que ces derniers se seront présentés. Il précise que, jamais au cours des discussions, ses interlocuteurs n'ont abordé la question du commando ayant ouvert le feu sur les manifestants. D'autre part, ajoute Me Daméus, le nommé Marceau Edouard était en contact téléphonique permanent avec deux personnes, en l'occurrence M. Jean Claude Jean Baptiste, un des conseillers du chef de l'Etat et ex-directeur général de la police, et Junior Barthélémy, chef de la sécurité rapprochée du chef de l'Etat.

Selon Me Daméus, il était évident que l'injonction de Marceau Edouard relative à l'impérieuse nécessité que les 3 initiateurs de la marche soient coûte que coûte appréhendés le vendredi 26 décembre venait de ses interlocuteurs au téléphone.

Face à cette situation et voulant préserver son intégrité, Me Daméus Clamé Ocnam affirme avoir pris la décision non de démissionner, mais de se mettre


Quelques adresses en Afrique du Sud

Voici quelques adresses en Afrique du Sud (ayant reçu pour la plupart le communiqué de presse du Collectif Haiti).

Presse :

Personnalité : Desmond Tutu : mpilo@iafrica.com (il lit le français parait-il)

ONG :


Nouvelle marche anti-gouvernementale d'importance à Port-au-Prince

Les manifestants dénoncent l'appui des Etats-Unis au régime de M. Aristide

Radio Métropole - Vendredi, 26 décembre 2003 13:14

Plusieurs dizaines de milliers de personnes défilent actuellement dans les rues de Port-au-Prince à l'initiative de la Plate-forme démocratique, ce vendredi 26 décembre 2003, pour réclamer la démission du Président Jean Bertrand Aristide.

Les manifestants qui bénéficient d'une importante couverture policière sont partis de Pétion-Ville, ont longé la route de Delmas et doivent parcourir l'avenue Martin Luther King avant d'aboutir à la Place Jérémie. Conduits par le coordonnateur du Groupe des 184, André Apaid Junior, le secrétaire de la Fédération Protestante, Edouard Paultre et le sénateur dissident Lavalas, Prince Pierre Sonson, les participants de plus en plus nombreux à cette marche ont réaffirmé leur détermination de combattre le régime Lavalas. Ils ont lancé des slogans hostiles à l'OEA et dénoncé le soutien du gouvernement américain au régime de Jean Bertrand Aristide.

Il s'agit de la troisième manifestation anti-Aristide à Port-au-Prince en cette semaine de fête de Noël. Le lundi 22 décembre, ils étaient plusieurs dizaines de milliers à marcher à Port-au-Prince sur l'invitation de la plate-forme démocratique rassemblant l'ensemble des partis de l'Opposition et les organisations de la Société Civile . Le 24 décembre, la veille de Noël, fait inédit, plusieurs milliers de personnes à l'appel de la communauté médicale soutenu par les hommes de loi avaient également gagné les rues.

Ce vendredi 26 décembre, un ancien proche de M. Aristide lui a demandé de se retirer avant le 1er janvier 2004. Intervenant sur Radio Métropole, le leader de l'organisation paysanne MPP, Chavannes Jean-Baptiste, a invité l'Eglise Catholique et la Communauté Internationale à faciliter le départ du Chef de l'Etat afin d'éviter un bain de sang. En province, des manifestations anti-Aristide sont signalées, ce vendredi, aux Cayes et dans l'Ile de la Gonave.


Aristide minimise une fois de plus l'ampleur de l'opposition et affirme qu'il célèbrera les 200 ans de l'Indépendance aux Gonaïves

Radio Métropole - Vendredi, 26 décembre 2003 12:09

Le président Jean Bertrand Aristide considère à nouveau comme une minorité ceux qui réclament son départ du Pouvoir. A l'occasion de l'inauguration d'une place publique à Martissant ( Port-au-Prince), le jeudi 25 décembre 2003, M. Aristide a minimisé la portée des manifestations anti-gouvernementales à travers le pays.

" C'est une minorité, une minorité tizwit qui manifeste contre mon gouvernement ", a affirmé M. Aristide devant plus d'un millier de sympathisants animés par des bandes de rara demandant qu'il reste au pouvoir pendant 10 ans contrairement aux 5 ans prévus par la Constitution. Le dirigeant Lavalas s'est adressé notamment aux étudiants, fer de lance de l'opposition rassemblant l'ensemble des secteurs, en leur demandant de faire montre de lucidité. Ce message a été repris par son épouse, Mildred Trouillot et un étudiant pro-gouvernemental.

Le Chef de l'Etat qui a également inauguré une place à la quatrième Avenue Bolosse, quartier populaire de la capitale, a donné rendez-vous à ses partisans tôt dans la matinée du 1er janvier 2004 à Port-au-Prince afin de se rendre aux Gonaïves pour célébrer le Bicentenaire de l'Indépendance.

Aux Gonaïves, la situation demeure tendue depuis environ trois (3) mois suite à l'assassinat,le 21 septembre, du puissant chef d'Organisations Populaires (OP) Lavalas, Amiot Métayer. Depuis, la violence a gagné la ville où la police réprime violemment des manifestations conduites le plus souvent par les membres armés du Front Anti-Aristide. Plusieurs dizaines de morts et de blessés par balles sont déjà recensés suite à plusieurs interventions de la Police dans le quartier populaire " Raboteau " bastion de la contestation.

A l'occasion de la cérémonie du 25 décembre à Martissant, Jean Bertrand Aristide a salué la présence d'un navire militaire sud-africain dans les eaux haïtiennes chargé d'assurer la sécurité du Président Thabo Mbeki qui doit participer aux festivités du 1er janvier. Les militaires sud-africains sont déjà à pied d'oeuvre depuis leur arrivée à Port-au-Prince,le lundi 22 décembre. A bord de leur hélicoptère, ils ont déja survolé à plusieurs reprises Port-au-Prince et Gonaïves, les deux principaux sites des célébrations de 2004.


Une lettre au président sud-africain Thabo Mbeki

Paris, le 26 décembre 2003

Monsieur Thabo M'Beki
Président de la République d'Afrique du Sud

 

Monsieur le Président,

Nous vous adressons ce courrier pour vous exprimer nos plus profondes inquiétudes concernant la tournure actuelle des relations entre Haïti et l'Afrique du Sud. En effet, nous avons appris avec indignation que le pays dont vous êtes le président et pour lequel nous avons la plus grande admiration a dépêché des militaires en Haïti à bord d'un navire, le Drakensberg, pour aider les policiers haïtiens dans ce qu'ils appellent « les opérations de maintien de l'ordre dans la ville des Gonaïves » à la veille du Bicentenaire de l'Indépendance haïtienne. Selon des officiels haïtiens, les personnels sud-africains sur place seraient des « spécialistes en logistique et en sécurité ».

La ville des Gonaïves, vous devez le savoir monsieur M'Beki, fait l'objet depuis quelque temps d'expéditions punitives pour le moins sauvages et barbares de la part du pouvoir de Jean-Bertrand Aristide, parce qu'elle s'est levée comme un seul homme contre la dictature, l'anarchie, la répression, la violence, la délinquance et le banditisme d'Etat institués par le président haïtien contesté.

Monsieur le Président, nous tenons par ce courrier à vous préciser un élément dans cette situation qui nous semble de première importance : autant nous apprécions le fait que l'Afrique du Sud veuille participer au Bicentenaire de l'Indépendance d'Haïti car c'est un événement mémorable pour tous les peuples qui ont eu à affronter l'esclavage, autant nous pouvons nous féliciter d'une coopération saine et viable entre les peuples haïtiens et sud-africains, autant nous n'acceptons aucunement que votre pays s'associe d'une manière ou d'une autre aux actes de barbarie que commet aujourd'hui le régime d'Aristide contre la population haïtienne. Nous avons l'intime conviction, soit-dit en passant, que telle ne doit pas être la volonté de votre gouvernement.

Nous souhaiterions en conséquence, comme vous l'ont déjà demandé des membres de la société civile sud-africaine, que vous rappeliez vos militaires actuellement en Haïti, que vous vous absteniez de participer aux côtés du président contesté haïtien aux commémorations prévues dans le cadre du Bicentenaire en raison du climat de violence dont seul le pouvoir est responsable, que vous aidiez le peuple haïtien à dénoncer les violences dont il est victime de la part du régime Aristide dont le départ est une absolue nécessité.

Ce sera, à notre avis monsieur le Président, votre plus belle contribution au succès de cet événement car nous serons débarrassés, comme en 1804, de l'oppression, la sauvagerie, la dictature et la répression.

Certains que vous accorderez à ces préoccupations, une attention particulière, nous vous prions de croire en l'expression de nos distinguées salutations.

 

Suivent les signatures :

Action Collective Haïtienne Internationale (ACHI )

Caraïbes Allers-Retours

Etudiants Haïtiens non alignés

Fédération des Etudiants Universitaires Haïtiens (FEUH)

Ligue des Exilés Haïtiens pour la Promotion et la Défense des Droits Humains

Militants Politiques Haïtiens